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Les gens

Le matin se lève
Le matin se lève sur la route de Betsakotsako - ©Eric Mathieu

La population d'Andapa s'est fixée dans la région il y a un peu plus d'une centaine d'années, dans les environs de 1830 où, selon les informations récupérées, un certain Tsimandratra arrivé de l'intérieur des terres avec sa femme Helivola auraient été les premiers habitants, situés alors à Andapahely. Il aurait accompli les rites permettant d'accorder sa volonté de s'installer avec les grandes puissances telluriques, invisibles et fort craintes de la nature encore originelle et serait devenu Zafintany, officiellement propriétaire et 'seigneur' de la terre et de la région. D'autres, ayant dû s'accorder avec lui, rejoignèrent petit à petit les premiers habitants.
Andapa était née.

Si tout d'abord les premiers arrivants étaient d'origine Tsimihety des régions centrales comme Befandriana, Mandritsara voire Bealana, des gens venaient de partout pour s'installer. Le micro-climat idéal, moins pluvieux et plus frais que sur la côte, l'extraordinaire fertilité de ce bassin richement limoneux apportaient un confort de vie non négligeable, Vivant harmonieusement avec la généreuse nature environnante, la population se disséminait de cases isolées en hameaux, de hameaux en villages...

Les premières traces des colonisateurs français n'apparurent que dans les années 1910-1920, bien après la prise de contrôle de l'île en 1896 (exil forcé de la reine Ranavalona III en Algérie). La plupart d'entre eux, réunionnais d'origine, s'installèrent pour y fonder des entreprises à vocation agricole, notamment pour la culture de café, de vanille et autres produits destinés à l'exportation, pour lesquelles des pans entiers de forêts furent défrichés.


Foisonnement de la ville - ©Eric Mathieu

Comme partout ailleurs, la population se développe rapidement, le rythme est d'environ un doublement tous les 25-30 ans, ce qui est considérable. Les défrichements entament les récoltes rizicoles car n'apportant plus les fertiles limons des zones forestières du passé mais des coulées de sable ou de terre rouge, stériles et encombrantes.

Il n'en demeure pas moins que la population de la région d'Andapa est d'un contact généreux, amical, les sourires sont pléthores et les activités diverses. Si l'agriculture est le maître mot, les épiceries générales inondent les routes et les pistes qui sillonnent la cuvette, celles-ci font souvent offices de bar d'ailleurs et sont des lieux de rencontre et d'animation permanents. Les petits métiers, du boulanger au forgeron, du garagiste au vétérinaire, des petits 'hotelys', restaurants servant le plat de riz et le traditionnel 'romazava' aux vendeurs ambulants trimballant leur charrette de marchandises, des files continues de bicyclettes transportant les récoltes d'une heure, d'un jour, d'une semaine aux troupeaux de zébus, aux files indiennes d'oies disciplinées, aux bataillons de canards... La vie est là, grouillante, et se laisse aller dans la douceur indifférente des jours...

La population de part déjà la diversité des ethnies présentes observent nombre de 'fady' - tabous ou interdits, et ne s'éloigne souvent que d'un oeil ou d'une oreille des pensées traditionnelles animistes, des 'fombas' - traditions relatives aux ancêtres, du respect de leurs mémoires et de leurs histoires. Cependant la religion a pris une place prépondérante dans la vie des malgaches, quelle qu'en soit la confession d'ailleurs. Si une majorité se révèle chrétienne représentés par les courants majoritaires catholique et protestant, il n'en existe pas moins une quantité impressionnante d'autres groupes religieux. On y retrouve l'Islam bien entendu, mais également l'église adventiste du 7ème jour (qui possède le meilleur hopital de la ville), les luthériens, les témoins de Jehova, l'église anglicane et bien d'autres parfois aux discours bien étranges, sans parler des prêcheurs d'apocalypse faisant de leur quête un salaire minimum sur la naïveté et le désespoir des gens. Un refrain connu et une recette malheureusement efficace mais restant relativement peu étendue.


Pause repas lors d'un travail collectif - ©Eric Mathieu

La sorcellerie, les rites secrets, les manipulations à distance, les jeteurs de sorts, diseurs de bonne aventure, les possessions et autres manifestations d'esprit sont toujours là, latents, car lorsque les religions traditionnelles n'apportent pas les réponses escomptées, on en revient toujours aux croyances ancestrales, elles sont toujours là lors du dernier espoir. Ces croyances sont aussi une espèce de ciment social de chaque individu envers l'autre.

Comme partout dans Madagascar le culte des ancêtres est important, la mort représente un état. Pourtant les tombeaux ne sont pas nombreux, la faute à une histoire encore trop récente. Les sépultures des 'fasandrazana' - lignée familiale menant à l'ancêtre principal - se retrouvent vers Mananara, Maroantsetra ou dans l'Androna sont remplacées petit à petit par des tombeaux plus petits représentant les 'taranaka' - lignée familiale plus courte mais montrant l'envie d'enracinement des gens dans la région d'Andapa.

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