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Le riz


Rizières matures - ©Eric Mathieu

Le riz (Oryza sativa) est cultivé par l'homme depuis le néolithique en Chine (il y a environ 10 000 ans) dans une variété originelle légèrement différente de celle actuellement utilisée par le plus grand nombre. Il fait partie de la famille des Graminées.

Près de 100 000 variétés de riz sont en circulation, des plus simples aux OGM résistants à la pyrale notamment. La trace la plus ancienne du riz date de 680 000 ans (Oryza rufipogon).

A Madagascar il est à la base de l'alimentation, voire même l'alimentation même de la population. La consommation annuelle par habitant est estimée à 200kg de riz sec.

Plusieurs types de cultures existent, comme la culture en terrasses (au niveau des plateaux centraux de Madagascar et notamment dans la région de Fianarantsoa où les habitants rivalisent de travail, d'acharnement et d'intelligence pour faire de magnifiques sculptures sur collines), la culture traditionnelle sur brûlis (lourd héritage issu des premiers habitants venus d'Austronésie), la culture inondée ainsi que d'autres systèmes de culture plus ou moins hybrides.

La cuvette d'Andapa ayant tout d'abord été un lac aux origines volcaniques s'asséchant pour devenir un gigantesque marécage lorsque les premières populations vinrent s'installer, couvre désormais une grande partie de sa superficie de rizières. Des systèmes de drainage et d'irrigations avaient été mis en place dans les année 1975-1980 appuyé par le FED (Fond Européen de Développement), la société en charge de son bon fonctionnement, la SOAMA, a fini de péricliter dans les années 1980. Ce système permettait cependant une égale répartition de l'eau et la possibilité pour tous de réaliser deux récoltes de riz par an. A l'heure actuelle un projet 'bassin versant' financé par la Banque Mondiale tendrait vers le même principe. Espérons simplement que les engrais chimiques seront un peu évités car il n'est pas le moment de tuer la terre encore si fertile.


Rizières du côté d'Ambodipont - ©Eric Mathieu

Les problèmes de la riziculture à Andapa tiennent à la dégradation de l'environnement et d'un certain appauvrissement des sols. Les riches particules tirées de l'humus des forêts lors des grandes pluies d'été amenaient leur fertilité, aujourd'hui, suite à la disparition inéluctable des forêts, c'est plus de sable et de terre rouge qui engorgent les canaux et submergent les rizières.

Les techniques de plantations sont souvent traditionnelles et manuelles, on utilise le zébu et l'araire et on demande la clémence et la bénédiction aux ancêtres lors de cérémonies préalables au semis. Les motoculteurs, les engrais et les pesticides ne sont pas vraiment entrés dans les moeurs.

Le rendement d'une rizière dépend de beaucoup de choses et peut varier d'une demie tonne à l'hectare pour les cultures sur brûlis à plus de dix tonnes à l'hectare pour des systèmes de riziculture intensive (SRI, mode de culture inventé à Madagascar mais il semblerait qu'il soit curieusement plus employé dans d'autres pays comme le Vietnam). La capacité du bassin versant d'Andapa n'est pour l'instant qu'utilisée au tiers, au quart et le morcellement poussé des parcelles n'aide pas non plus, chacun travaillant pour sa propre rizière sans jamais s'allier au voisin.


Premiers semis et repiquage - ©Eric Mathieu

La procédure générale de la plantation du riz comprend une première phase où on sème les graines qui pousseront rapidement d'une manière très rapprochée. Ensuite arrive le repiquage (délais différents suivant les méthodes employées) qui consistent à repiquer les jeunes pousses dans un peu d'eau à des distances également définies par les méthodes utilisées. On peut le voir sur la photo ci-contre avec au premier plan les jeunes pousses très drues et plus loin les parcelles déjà repiquées.

La régulation des arrivées d'eau, le sarclage et les épouvantails sont les bases avant la moisson. Les intempéries, fortes pluies ou cyclones, peuvent noyer les rizières et les récoltes sont souvent perdues sauf si la saison est encore à son commencement alors certains tenteront de replanter.


Rizières repiquées à l'aube - ©Eric Mathieu

Javelles de riz, les récoltes commencent - ©Eric Mathieu

Le riz commencera ensuite ses douces variations de couleurs, partant de ce vert fluorescent des jeunes et tendres tiges, le vert profond des rizières à mi-saison et les dégradés vert clair, vert jaune, jaune paille d'avant récolte. Le point de vue des collines avoisinantes laisse souvent apparaître un immense puzzle, mosaïque bigarrée sur un même thème, camaïeu majeur aux variations constantes et toujours fascinantes. Ici naît la vie, par le repas qu'elle permet à tous.

Lorsque les épis sont mûrs, les grappes chargées, avachies sous le poids des grains, on procède à la coupe à l'aide de petites faucilles locales. Celles-ci sont disposées en javelles pour achever la maturation. Ensuite les épis seront battus à la main, au bâton et au pied pour séparer le grain de la tige.

Les grains seront ensuite mis en 'gony', sacs de nylon couramment utilisés pouvant contenir jusqu'à 60kg de riz blanc. et seront transportés, vendus, stockés, entreposés. Le grains de riz seront ensuite mis à sécher afin d'éviter qu'ils pourrissent. Le séchage est très important et permet la pérennité du stockage. Le soleil n'est pas toujours présent, la surface d'étalage pas toujours suffisante mais ce sont les aléas d'un métier à part entière.

La dernière partie consiste à décortiquer le riz, enlever la pellicule de son pour obtenir le riz blanc. Un bien et un mal car c'est dans la pellicule de son que sont stockées la totalité des éléments nécessaires à l'organisme (comme la vitamine B1 qui protège du béri béri que certains peuvent contracter en ne mangeant que du riz blanc). Le décorticage en brousse se fait au pilon et en ville avec des décortiqueurs électriques. Il existe également des dépailleurs qui évite la casse des grains de riz.

Ainsi bat le coeur d'Andapa, au rythme des saisons du riz, au rythme de ce qui permet à sa population de vivre. En espérant que la sagesse traditionnelle alliée aux financements conséquents des bailleurs de fond permettra encore longtemps à la cuvette de fournir à la majeure partie de la région toute entière (SAVA - Sambava, Antalaha, Vohémar et Andapa) sa ration quotidienne de riz et pourquoi pas mieux encore ?

Des diaporamas sont à votre disposition ici : Diaporama


Epis à pleine maturité - ©Eric Mathieu

Le battage traditionnel du riz - ©Eric Mathieu

 

 

 

 

 

 

 

 


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